Les halles de Paris à Nogent

8 novembre 1997 - 12 février 1998

Les halles de Paris à Nogent

La vie des Halles

Le marché des Halles est alimenté par toutes les provinces de France. Il dure de 4 h du matin à 10 h. Les producteurs qui n’ont pu vendre toute leur marchandise quittent leur emplacement avec mille difficultés. Dès minuit, les voitures maraîchères, arrivant de la banlieue, s’entassent. D’autres arrivages proviennent de différentes gares.On décharge les denrées sur le carreau. En 1914, il existe 735 forts des Halles ; répartis sur le carreau ou dans les pavillons, leur mission consiste aussi bien en un rôle de police, encadrant paysans et déchargeurs, que de portage ou de dépeçage d’animaux. Corporation officielle et hiérarchisée, ils représentent des figures colorées du vieux Paris. De 5 à 6000 porteurs officient ; reconnaissables à leur plaque distinctive, ils amènent la marchandise aux clients. A côté des gros producteurs, revendeurs au détail, marchands en boutiques ou à la voiture, poissonnières au verbe haut constituent un type bien connu du Paris gouailleur. L’ensemble du quartier est le théâtre d’une intense activité parallèle. «La nuit, voyous, rôdeurs et filles emplissent les débits d’alcool», s’inquiète un chroniqueur. Marchands de vin - tel Le Cygne de la Croix, rue Berger - bistrots, restaurants ouverts toute la nuit attirent le Parisien sortant du spectacle. En 1925, les halles recevaient environ 200 milliers de tonnes de viande, 50 milliers de tonnes de fruits et légumes, 60 milliers de tonnes de poisson, 30 milliers de tonnes de gibier et volaille.

La fin des Halles

Conçues pour une ville d’un million d’habitants, les Halles ne pouvaient plus répondre aux besoins d’une population 10 fois plus élevée, ce qui embouteillait le cœur de Paris.La démolition des pavillons des Halles, décidée en 1959, et entreprise en 1971, suscita la protestation d’une partie de l’opinion. Des architectes français et étrangers prirent parti pour la conservation des pavillons, associés à un âge d’or des techniques. D’autre part, la critique sociale s’exprima : la destruction des pavillons chasserait le petit peuple de Paris : «Tant que d’autres affaires étaient plus juteuses que le mètre carré parisien, les petits étaient chez eux aux Halles», écrit un chroniqueur. Baltard, architecte officiel de l’Empire, devenait l’emblème d’une sensibilité populaire. Pour beaucoup, le quartier devait devenir le Forum de Paris, un pôle d’animation et d’échanges. La conservation des pavillons offrait un vaste espace polyvalent : des manifestations variées (expositions, théâtre, cirque...) furent organisées entre 1969 et 1971. Parmi diverses protestations, une pétition proposant la destruction des pavillons de l’Ouest (ce qui dégagerait l’église Saint-Eustache), mais la conservation des six pavillons de l’Est, seul bloc intégralement réalisé par Baltard, recueillit 30 000 signatures.

Le pavillon à Nogent

En juin 1972, Jacques Chaban-Delmas décide d’attribuer à la ville de Nogent le seul pavillon conservé des Halles de Paris. Le 11 octobre, le démontage du pavillon n° 8 commence. 425 tonnes de métal et de bois sont déposées et chaque pièce est numérotée. L’année suivante, la réparation, la peinture et le stockage sont réalisés. Sous la direction de l’architecte Claude Guillemin, les travaux de terrassement et de fondations sont réalisés en 1975. En janvier 1976, le remontage du pavillon débute, en présence de Michel Guy, Ministre de la Culture, et de Roland Nungesser, Député-Maire de Nogent. Sur une plate-forme en béton, l’ossature principale, comportant 48 poteaux, est remontée. Des pièces d’assemblage sont rajoutées, la toiture est refaite. La grande innovation réside dans la construction d’une galerie intérieure, laquelle augmente de 1000 m2 la surface utilisable, le rez-de-chaussée comportant 2200 m2 au sol.

Le pavillon mesure 55 mètres de long, 43 m de large et 22 m de haut. Son poids est de 500 tonnes. Sa capacité d’accueil peut aller jusqu’à 3000 personnes. L’espace intérieur peut être aménagé de façon à accueillir les manifestations les plus variées. Des gradins transforment ainsi le pavillon en salle de spectacle ou de concert. Le pavillon peut également abriter des salons, des forums et même des émissions de variété. Depuis vingt ans, le pavillon a reçu la visite de très nombreux noms de la politique, des arts, de la littérature et du spectacle.

L’orgue du Gaumont

L’orgue a été construit en 1930 par la Manufacture Christie. Au cinéma Gaumont-Palace de la Place Clichy, à Paris, il constituait une animation appréciée avec son pupitre montant du sous-sol à chaque entracte. L’orgue de cinéma, inventé au début du siècle pour accompagner les films muets, alliait le principe de l’orgue traditionnel avec des effets spéciaux.

Au Gaumont-Palace, l’orgue mesurait 23,5 mètres de large et 5,5 mètres de haut. Il comportait 1500 tuyaux et possédait 4 claviers de 61 notes, sans compter le pédalier.

Mis en vente aux enchères en avril 1976, l’orgue fut classé le jour même afin qu’il ne quitte pas la France, plusieurs pays (dont les USA) désirant se porter acquéreurs. Acheté par la ville de Nogent, l’instrument subit 18 mois de restauration avant d’être remonté au Pavillon Baltard.