Zoom sur la collection Loth : l'école de gymnastique de Joinville

Zoom sur la collection Loth : l'école de gymnastique de Joinville

C'est une collection unique que le musée a acquis en 2022 : elle représente 30 années d'une passion, celle de Jean-François Loth, ancien professeur de sport, pour l'histoire de l' Ecole Normale de Gymnastique de Joinville-le-Pont.

L’École normale de Gymnastique de Joinville-le-Pont ouvre ses portes le 15 juillet 1852 sur le site de la redoute de la Faisanderie du Bois de Vincennes. Cette École naît des réflexions du colonel Francisco Amoros : les soldats du début du 19e siècle ne sont pas physiquement préparés au métier de la guerre. Les militaires sont aguerris aux intempéries, aux fortes chaleurs, aux charges lourdes mais ils n’ont pas de préparation physique spécifique. Amoros théorise sa pensée dans son Manuel d’éducation physique, gymnastique et morale (1830) ; il propose aux militaires français une méthode pour être plus efficace, la gymnastique préparatoire. Le colonel Amoros la définit comme « la science raisonnée de nos mouvements, de leurs rapports avec nos sens, notre intelligence, nos sentiments, nos mœurs et le développement de nos facultés. »

Á l’École normale de Gymnastique de Joinville, des moniteurs, disciples d’Amoros, forment des militaires qui, de retour dans leur caserne, devront à leur tour enseigner ce qu’ils ont appris aux soldats présents. Marche, course, saut, lancer, porter et différents exercices propres à la guerre comme l’assaut de fortifications, l’escalade de murs ou le franchissement de fossés sont pratiqués à Joinville.

Passée la Guerre de 1870, la vocation de l’École de Joinville évolue. L’École élargit d’abord son champ de compétences à l’escrime et devient l’École normale de Gymnastique et d’Escrime de Joinville (1872). Par ailleurs, dès lors que l’Armée française devient une Armée de conscription, l’École assure aussi la formation de professeurs civils de gymnastique. Dès 1908, les instituteurs passent par Joinville pendant la durée de leur service militaire pour approfondir leur connaissance dans l’enseignement de la gymnastique. Ils forment une division particulière. En 1913, quatre fois par an, et pendant 10 semaines, des groupes d’instituteurs se succèdent à Joinville.

L’École s’impose par la qualité et la dimension novatrice de son enseignement. Après la Grande Guerre, elle rédige les règlements et manuels militaires de gymnastique. Joinville impose même ses théories à l’éducation physique scolaire dans un Règlement Général appelé Méthode Française. L’École s’ouvre aussi aux blessés de la Première Guerre mondiale en devenant un centre de rééducation, elle devient également un lieu de préparation pour athlètes à des compétitions internationales. En 1925, l’École opte pour un nouveau nom : École supérieure d’éducation physique.

Les débuts de la Seconde Guerre mondiale marquent la fin de l’École. Pour autant, l’esprit de Joinville lui survit. Les anciens moniteurs forment ainsi une Amicale des Anciens de Joinville, ancêtre de la Fédération Nationale des Joinvillais, qui valorise les principes de l’École. La préparation de militaires à des compétitions internationales se perpétue grâce au Centre Sportif des Forces Armées (1947) devenu Bataillon de Joinville (1956-1997). Les militaires professeurs de gymnastique quant à eux sont désormais formés dans le Centre Interarmées des Sports de Fontainebleau. De son côté, l’Institut national du sport, de l’expertise et de la performance (INSEP) est l’héritier de la formation des civils.

Cette École exceptionnelle a pleinement sa place au Musée intercommunal de Nogent-sur-Marne dont les collections sont centrées sur l’est parisien. La collection est la plus grande jamais constituée sur cette institution. Les cartes postales ont été numérisées et sont visibles sur le site du Musée : museenogentsurmarne.net (onglet collection, onglet cartes postales, collection Loth).

 

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